Écrire et chanter, j’adore, c’est partager des émotions avec les gens »,

dit Fabrice.

Ouest-France, Publié le 30/11/2017

Fabrice Morandeau est né malvoyant ; il est devenu aveugle à l’âge de 17 ans. Passionné par la chanson, il vient de participer à un concours international en Pologne.
Fabrice Morandeau a 50 ans. Il est né dans le petit village de Saint-Philbert-de-Bouaine, en Vendée, « dans une famille aimante », qu’il quitte à 5 ans pour entrer dans une école spécialisée car il est né malvoyant. Une séparation difficile pour le jeune Fabrice. À 17 ans, à la suite d’un accident, il perd complètement la vue.
Il se plonge alors à fond dans la musique. On dit que les aveugles ont l’oreille musicale ?

C’était vrai jusque dans les années 1990 où dans ces écoles spécialisées, on enseignait la musique à tous les enfants avec le braille musical. Au programme, il y avait une heure de solfège et une heure d’instrument par jour, renseigne Fabrice. C’est pour ça qu’il y avait beaucoup d’accordeurs de piano ou musiciens aveugles. Mais, aujourd’hui, on privilégie l’intégration et on développe moins ces dons.

« Un disque en 2019 »

Dans cette école il trouvera sa voie, apprendra le piano puis l’accordéon. Après ses études, il devient professeur de musique et anime des bals. Mais l’enseignement ne le branche pas. Il part à Paris, fait des stages d’écriture de chansons (musique et paroles), passe un Deug (diplôme universitaire) de lettres modernes et de sciences du langage. Avec une idée qui le tenaille. Faire un disque.
De passage à l’île d’Yeu (Vendée), il compose une chanson, devenue là-bas, une ritournelle dans les mariages et qui passe sur les ondes « comme une chanson régionale. » Et il a de l’humour, le musicien.

Faire une chanson sur l’île d’Yeu pour un aveugle !

Ou une autre sur sa canne blanche qu’il titre grande asperge.

Une façon de dédramatiser le passage difficile à la canne blanche pour les malvoyants.

Fabrice vit au Mans depuis trois ans. Il s’est lié d’amitié avec Serge-Éric et, pour se faire connaître, ils vont chanter chez les habitants. Avec « pleins d’échanges ». Actuellement, il enregistre, dans la Drôme, un disque de chansons de Jacques Brel, en espéranto. Sortie prévue en 2018.

Puis, je vais m’attaquer à un disque, pour une sortie 2019.

En attendant, une fois par semaine, il prend le chemin de l’association Valentin-Haüy où il est bénévole. Il y dispense des conseils d’informatique adaptée ou l’utilisation de smartphone. Avec un seul credo.

Échanger.